vendredi 23 octobre 2009

MEIRA

Meira,
je me rappelle de tes yeux
car je les ai vus une fois,
ce jour là,
à la bibliothèque qui porte ton nom,
ce refuge de silence, d`air conditionné,
de livres, d` ordinateurs,
que tu as sauvé des griffes obsédées
du délire néolibéral.
Ta chevelure était d`un noir brillant
et tu avais un vetêment léger
pour supporter la chaleur,
j`ai oublié sa couleur,
mais pas celle de tes yeux,
obscurs, presque éteints, libanais.
Ce serait plus tard que je lirais
tes vers patiemment
pour y rencontrer le sifflement
des rossignols que tu entendais
assise dans la terrasse
et je rêverais d`une mer grise et moche
que je connaissais bien,
la tienne et la mienne,
dont les eaux avalaient lentement
le soleil rougeâtre de ces tropiques
tristes, joyeux, âpres,
qui t`ont vu naître,
poétesse maître de la nostalgie,
de paroles subtiles,
et de l`amour lourd qui est parti
un jour vers les larmes
qui se sont logées
dans ton coeur marin et sablonneux.
Où que tu te trouves tu continues à aimer
et à dessiner des vagues
dans ta mémoire de plages et de miroirs cassés
pleins de mélancolie intime, éternelle,
assoiffée et fragile,
aux sentiments touchés par le courant d`air frais
des Alizées de décembre,
de janvier, de février et de mars.



Vercin

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire