On est d`accord;
on admet pour une fois que vous, les poètes,
avez raison; vous dîtes la vérité:
oui, les mots s´épuisent,
ils empoisonent tout ce qu´ils touchent.
On peut dire que vous avez eu du succès,
que vous avez atteint le but, que vous avez trouvé
les bonnes réponses;
on peut admettre qu`il y a des mots métalliques
qui finissent par tuer quelqu`un s´ils
tombent du haut
et qu`il y a des mots en forme de cendres
qui explosent comme la poudre,
il y a d`autres mots qui sont comme les fleurs
qui perdent leur fraîcheur un jour
-comme celles de ces vers double face qui sont
utiles pour les promesses et pour les vases-,
il y en a d`autres qu`on sent, on touche et on regarde;
il y a des mots de lessive et des mots de parfum
et il y a le mot "silence".
On peut admettre, finalement, qu`il y a des mots
comme le mot "caravane" ou le mot "ombre",
sans parler du célèbre mot "ombre".
On s`approche des limites,
les mots sont des mots,les poètes,
et je n`y peux rien faire pour vous aider.
Darío Jaramillo Agudelo
Traduction: Vercin
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